Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/175

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— Moi, il me parle, même dans la rue. Et puis la directrice fait porter souvent des lettres chez lui, au sujet des maladies contagieuses, je crois. Ça devrait être votre service. Écoutez, il ne faut pas m’en vouloir, je n’ai pas intrigué. C’est lui-même qui a dit à la directrice : « Envoyez-moi de préférence Mme Paulin, parce que je la connais ». Du reste, il habite dans mes parages, la grande belle maison neuve en face du métro. Alors quand il est là je monte la lettre. Je ne suis pas forcée, mais, n’est-ce pas ? on aime bien voir l’intérieur de ces messieurs. Et croiriez-vous qu’il est devenu bavard tout d’un coup ! « Vous avez bien fait de monter, Madame Paulin. Qu’est-ce que je vais vous offrir ? Un verre de bordeaux ? Et l’école, ça marche le service ? Vous vivez d’accord ? — D’accord avec Rose, que je réponds ! Pour sûr, Rose, monsieur, j’en ai jamais vu une pareille. »

Cette pie borgne n’a-t-elle pas raconté je ne sais quelle histoire à propos du pain qui manque dans les paniers et de notre petite invention d’y suppléer. Elle devait être un peu grise. M. Libois, parait-il, avait l’air, à chaque instant, de chercher des objets qu’il ne trouvait pas, — ou d’un chien à qui l’on marche sur la patte (parbleu ! il se détournait pour rire). Il lui a donné la bouteille entamée à emporter, il lui a donné le paquet de biscuits, il lui a serré les mains. Une paire d’amis, quoi !… (Il ne savait plus comment s’en débarrasser.)

Dans tous les cas il faut que je signifie à Mme Paulin de ne plus me mêler à ses commérages.