Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/176

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Revenons aux enfants.

Quels signes aussi dans le champ des chevelures, dans la plantation hirsute mangeant le front plus ou moins ! Quelles mentalités de parents révélées par les coiffures « à la chien » des petites filles !

Et la débilité générale affichée par la rangée des mollets étiques, malades, vides ! Des mollets avortés, qui ne poussent pas !

Justement, pour compléter cette estimation pitoyable, des tout petits qui se tortillaient sur leur banc m’ont donné à tâter de dérisoires échines osseuses, rappelant, par la dimension misérable, des carcasses de chats maigres, de lapins.

Parbleu ! nous possédons de vrais enfants, de gentilles têtes rondes, roses, vivaces ; parfois, les maîtresses se divertissent entre elles de délicieux petits amours livrés à eux-mêmes ; ils jabotent tout seuls, rient, s’amusent à faire claquer leurs lèvres : « boi, boi, boi », et ils promènent d’ineffables yeux bleus qui effleurent toutes les choses et ne se posent sur rien.

Mais le triste aspect d’ensemble subsiste. Pareillement, quelques immeubles neufs, confortables, décorent çà et là les rues avoisinant l’école, mais ils n’enlèvent pas au quartier des Plâtriers sa dégaine louche et crasseuse.

La directrice a séjourné dans sa classe toute la matinée. J’ai eu suffisamment de besogne après les poêles qui ne tiraient pas ; impossible de dégourdir la température à dix degrés, excepté au premier, chez Mme Galant. Il faut dire que, dans la classe