Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/182

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le quartier, et de m’arrêter à chaque tare particulière.

Et alors, étant agenouillée entre un banc et une table à nettoyer par terre, j’aspire comme des bouffées de vérité : on ne peut pas alléguer que l’école se trompe — appréciation trop vague — il faut spécifier : la leçon a le tort d’être servie pareille à tous, aux forts, aux faibles, aux gentils, aux affreux ; tel conseil profitable à Pierre peut parfaitement nuire à Paul.

La morale c’est le bien de l’individu considéré dans son milieu. Chaque nature et chaque situation a la sienne.

Quelle révélation ! Et maintenant j’écoute ces malheureuses maîtresses verser leur médication collective, sans souci ni de tempérament, ni de famille, ni de condition économique.

Je ramasse des papiers, je renifle les odeurs différentes des enfants et je me dépite : mais fourrez donc le nez sur vos élèves !

Certes, ces dames moralisent à propos de toutes les choses diverses (conformément au manuel spécial de leur métier), mais pas à propos des enfants divers.

Tous les exercices de la classe et les jeux de la récréation doivent fournir prétexte à sapience. On ne l’oublie pas ; il n’est pas jusqu’au modèle d’écriture qui ne porte ses fruits.

La leçon que l’on arrose le plus de vertueux propos est celle de calcul. Morale et calcul, à première consonance, cela ne se marie pas nécessairement.