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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/186

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partout, autour de lui… ah ! mais, de tels cris, par les rues, que n’importe où la mère aurait été, à proximité, elle serait sortie. La femme de service a ramené l’enfant à l’école.

— On aurait dû se douter de quelque chose, dit Mme Paulin. Ce mioche de misère qui, la moitié du temps manquait de pain, ce jour-là, on avait trouvé un énorme gâteau dans son panier… on aurait dû comprendre… Je me rappelle ; on en a coupé une douzaine de parts et même le mioche n’en a pas goûté, tellement il était content de voir bâfrer les autres, de faire le riche…

La directrice l’a mis en garde chez la concierge. On l’a hébergé quatre jours, après avoir informé la mairie, le commissaire. Pendant quatre jours il a appelé, il a gratté aux murs, aux portes, voulant aller chercher sa mère. Jamais, jamais on n’a eu d’elle aucune nouvelle. L’Assistance publique est venue retirer de la bouche de l’enfant ce mot anti-administratif : maman.

Parfois toutes mes fibres crient que j’étais faite pour avoir des enfants ; alors, exclue du mariage, créature dénaturée, je forme des imaginations monstrueuses ! Il y en a un petit que je guette : Louis Clairon… sa mère a l’air si fini !

Avant la fermeture, quand les maîtresses sont parties, j’essaie mes chances :

— Qui est-ce qui veut s’en aller avec moi et que je sois sa maman ?

Hélas ! personne ne se précipite dans mes bras.