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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/214

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principales qui attirent et conduisent des groupes. Ces chefs, je m’adresse à eux ; en quelque sorte, je leur demande des nouvelles de la corporation.

— Ça va-t-il le métro ? (On joue beaucoup au Métropolitain.)

Ou bien :

— Qu’est-ce qu’on fait, le soir, quand papa ou maman n’est pas rentré à huit, neuf heures ?

— On va voir au poste qu’est-ce qui a bien pu arriver.

Je prouve ma bonne volonté à m’instruire par une moue patiente, amusée ou consternée ; on ne peut douter que les questions corporatives m’intéressent réellement. Il ne s’agit pas d’un vain bavardage : on me répond posément.

Lorsque la directrice est en conférence avec une personne officielle, dans son cabinet, il faut du silence à tout prix. La normalienne envoie trois ou quatre de ses élèves (généralement Richard, Léon Chéron, Irma Guépin,) pour m’aider à occuper sans bruit les tout petits. Nous distribuons — sur les genoux, dans le creux du tablier, — des tuyaux de paille coupés menu, de la dimension d’un grain de blé, et des bouts de fil ; nous montrons à faire des bagues, des chaînes de montre, des bracelets. La coquetterie séduit même les mioches de deux ans ; tous s’appliquent, — à langue tirée. Voici de la tranquillité pour une heure.

Moi et mes aides, nous n’avons qu’à veiller à ce qu’ils n’avalent pas leur fil ou leurs pailles. Alors, face à l’atelier, nous causons choses sérieuses. Irma,