Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/222

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Elle m’accabla d’invectives, attrapa son enfant comme si elle l’arrachait à mes mains indignes et me cria sa résolution sous le nez :

— Ah, bien, s’il faut tant d’histoires pour envoyer un enfant à l’école, celui-ci n’ira pas ! J’ai bien moins de mal à le garder à la maison ; il jouera dans l’escalier.

Si un élève habitué à manger à la cantine n’apporte pas ses deux sous, par hasard, on ne lui refuse pas la gamelle, bien entendu. On fait crédit très facilement ; la directrice sait même, en bonne charité, oublier les dettes, le cas échéant ; mais elle doit prendre garde qu’on n’abuse.

Il arrive aux enfants de perdre leurs sous, mais aussi, de temps en temps, l’un, l’autre, succombe à la tentation : il achète une toupie, des billes, n’importe quoi.

— Où sont tes deux sous ?

— Je sais pas.

Il y aurait danger de se contenter de telles réponses.

Parfois, on est fort embarrassé :

— Virginie, la cantine ?

— Madame, maman m’avait donné mes deux sous, mais, en route, v’là papa qu’avait plus de tabac, alors il m’a dit : « Tu raconteras à l’école que tu les as perdus. »

(Mes enfants, ne mentez jamais : voilà, Virginie ne ment pas.)

(Mes enfants, vos parents sont parfaits : soyez