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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/227

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ont à m’exposer des théories populaires de gynécologie.

Et il faut non seulement que j’entende, mais encore que je réponde, sans faire la pimbêche, puisque le monde où je vis se caractérise principalement par cet échange continuel : confidences immédiates, complètes, et curiosité cynique, impérieuse, sur le chapitre intime.

De toute façon, je ne pourrais donc pas éviter ce genre de conversation aussi banal que l’appréciation de la température ; et d’ailleurs à qui la faute ? Il paraît — miséricorde ! — que j’ai une mine « qui engage » : une ciselure parisienne avec « censément des restes de masque », m’a dit Mme Paulin ; et les autres camarades ne me l’ont pas mâché : dès qu’on me voit, on est édifié sur mon tempérament, on sent combien je suis femme et que « j’ai passé par tous les chemins ».

La mère Doré secouant sa coiffure impériale diadémée de cuivre, daigne amicalement m’accepter à son niveau :

— On a bien des embêtements, mais il y a de sacrés bons moments tout de même, hein ! la Rose de feu ?

Et c’est pourtant vrai : ses yeux luisants de coquetterie goulue peuvent se comparer à mes yeux brillants de réflexion morale.

Maintenant que je me civilise, maintenant que Bonvalot, Adam, Richard et mes amours de babies en robe d’azur m’ont appris que les yeux se disent : les châsses, les mirettes, en langage familier, j’ai