Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/226

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tée à l’historique complet de quatre grossesses précédentes. D’inévitables questions m’ont, toutefois, assaillie :

— Vous n’avez pas d’enfants ?

— Non, ai-je répondu, le visage un peu détourné, comme si j’apercevais quelque chose de curieux, au bout de la rue, vers le boulevard.

— Vous n’en avez jamais eu ?

— Non, ai-je fait d’un ton modeste, avec un léger coup d’épaule qui pouvait signifier : « Ça s’est trouvé comme ça. » Je n’ai pas eu la bêtise d’alléguer que je ne suis pas mariée, cette circonstance n’ayant aucun rapport avec la question.

Mme Ducret m’a expertisée de la tête aux pieds avec une moue désapprobatrice.

— Oui, je sais bien, a-t-elle prononcé, on se drogue… mais ça abîme…

Elle a froncé les sourcils, elle me trouve terriblement abîmée.

Et voilà dix samedis, vingt samedis, qu’elle m’entretient de son ventre fécond et des inconvénients menaçants de ma stérilité voulue.

C’est une persécution formidable : à six heures le matin, à la sortie du déjeuner, à la sortie de quatre heures, le soir à sept heures, le dimanche à n’importe quel moment, la mère de Julie Kasen, celles de Léon Chéron, de Louise Guittard, de Bonvalot, de Tricot, d’Irma Guépin, la mère Doré, toutes, dès qu’elles peuvent me saisir, ont à se plaindre des infirmités spéciales du sexe, toutes