Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Peut-on admettre ce filet de morale inextricable jeté sur des enfants mous, dégénérés, désarmés ? Il me semble démêler dans cet enseignement l’hostilité religieuse contre l’instruction même.

Pour me remettre, chez Mme Galant, j’ai goûté une brillante fanfare de chauvinisme : là, alors, violence, passion.

Les deux leçons rapprochées ont fait jaillir une lumière en moi : « Pas de milieu, la résignation ou l’énergie obéissante et oppressive. »

Sans viser à la tragédie, n’incline-t-on pas à ce résumé :

« Travaillez, prenez de la peine, mais gare à l’ambition punie, et pas d’investigation trop curieuse. L’auto-concurrence fallacieuse : la croix, les bons points ; la lutte décevante entre salariés ; la lutte avec le morceau de bois, le morceau de fer que vous façonnerez, bravo ! mais pas la lutte avec votre misère… Vous, les dénués, soyez soumis, mais soyez héroïques : il est beau de mourir pour perpétuer l’état de choses actuel. »

Eh. eh ! cette farceuse de morale n’est pas seulement répandue trop pareillement sur trop de tempéraments divers… Est-ce qu’il n’y aurait pas un vieux lot de fausses vérités, à la longue éliminées de l’enseignement secondaire, mais pieusement conservées pour le peuple ?

J’ai beau faire, la couleur de mon drame ne s’égaye pas ; et nous sommes bientôt à la moitié de mars !

Qu’est-ce que l’école peut changer à la desti-