Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/240

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gence et le cœur des petits enfants, en vue des terribles difficultés de la vie !

Aussi, avec quelle magistrale inconscience, avec quel superbe dévouement propagent-elles l’erreur et le préjugé ! Avec quel sublime aveuglement distribuent-elles la pâture uniforme, à tort et à travers ! Et il faut avouer que, comme institutrices, elles font de l’effet !

Les autres, simples titulaires de brevet, vaudraient mieux, s’il n’y avait pas cette satanée rivalité qui les oblige à parader aussi et à montrer un savoir livresque égal à celui des normaliennes. Je crois que la générosité femelle est équivalente de part et d’autre, mais les non normaliennes seraient séparées des élèves par un abîme moins grand. Et encore…

Un jour que Mme Galant était malade, il est venu une remplaçante qui se donnait « le chic de Normale » ; elle avait un jeu, dans le bureau, en face de nos moutards de cinq ans, on aurait dit d’un professeur en Sorbonne : elle vous clouait les enfants là, bayants, ils ne comprenaient rien ou bien comprenaient de travers, mais quel beau silence !

Allons, est-ce que je n’exagère pas, de parti pris ? Ne suis-je pas de mauvaise foi ? J’en ai vu une autre remplaçante, une vieille (comme cela sonne drôlement : une vieille remplaçante !), celle-là, c’était le vrai type de l’institutrice, la vraie maternelle !

La voilà qui arrive pour la première fois, un