Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/273

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entrée ici comme une autre serait allée au couvent. Il ne faut pas ainsi renoncer à la vie ». Textuel.

Pas possible, madame Paulin, vous avez trouvé cela toute seule ?

J’ai été obligée de lui déclarer sèchement que ces questions personnelles m’étaient désagréables. On peut plaisanter une fois et n’être pas disposée à continuer indéfiniment.

Nous déjeunions.

— Bien, a répondu de bonne grâce Mme Paulin, on ne parlera plus que du service.

Elle est allée hier porter une lettre chez M. Libois — affaire de service — je n’ai rien à dire ? déclara-t-elle. « Le délégué n’est pas le monsieur qu’on pourrait croire : très simple et très délicat, il n’est pas riche ; il a de quoi vivre en s’occupant de publications ; il se spécialise dans les études sur la protection de l’enfance, car il a beaucoup de cœur et — le plus étonnant — il est extrêmement timide. »

Mme Paulin ne mangeait guère, elle épluchait sa nourriture, elle s’adressait à son assiette plutôt qu’à moi. Un serrement d’estomac auquel je suis sujette depuis quelques semaines me laisse peu d’appétit et m’obligeait aussi à chipoter dans mon assiette.

« Et Mme Paulin a pleuré la dernière fois qu’elle a vu M. Libois chez lui, parce que cet homme-là est vraiment bon… parce que vraiment il faudrait être barbare… »

J’ai prié Mme Paulin de m’excuser : l’heure était