Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/274

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sonnée, mon service ne me permettait pas de rester dans la cantine.

Après les seules dispositions énergiques des enfants, n’oublions pas celles des parents. Il ne se passe pas de jours que des algarades fâcheuses n’éclatent devant la barrière du préau : invectives et menaces lancées à pleine voix, contre les maîtresses, contre moi, contre « cette sale administration ».

Hier. La mère Tricot vient chercher son garçon ; la voici derrière la balustrade, elle porte un paquet de linge mouillé sur l’épaule droite et un seau avec battoir, eau de javelle, etc., dans la main droite ; elle conduit de la main gauche une fillette toute petite et, bien entendu, elle est enceinte.

Tricot n’arrive pas à reconnaître son panier dans la rangée installée par terre. La normalienne qui est de service, le regarde farfouiller et finit par appeler :

— Rose, s’il vous plaît…

Alors, la mère Tricot, à gorge déployée, contre la normalienne :

— Mais reluquez-moi c’te mijaurée, c’te momie, qui ne peut seulement pas se baisser ! Il ne vous salira pas, ce panier… Dire que nous payons ces propres à rien ! Croirait-on pas qu’elle a pondu l’obélisque avec sa robe noire ? En v’là un métier de faignante… Enfin il ne sait pas, cet enfant… il a besoin qu’on l’aide… et il est autant que les autres, vous entendez, espèce de momie ? il vaut mieux que vous, cet enfant-là.