Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/310

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Puis, on répond sans écouter, ni regarder :

— Oui, oui, bon…

Cependant la voix de la Souris vibrait autrement qu’à l’ordinaire.

— Eh bien, quoi. Rose ? qu’est-ce qu’elle a fait Rose ? demandai-je.

La Souris haussait vers moi des yeux de ciel, un front comme le miroir de ma propre conscience, un visage grave sur lequel était imprégné de l’ineffaçable :

— Rose, Fondant est mort.

Eh bien, oui, na ! Je suis mauvaise, je le sais bien… l’école aussi est mauvaise et l’on ne voit partout que crimes contre l’enfance.

On vous assène, à chaque instant, sur la tête, « les prérogatives du père de famille », qui donc revendiquera contre tout le monde les droits criants de l’enfant ? Non seulement l’enfant a le droit qu’on ne l’empoisonne pas d’alcool et qu’on ne l’empoisonne pas de croyances asservissantes, mais il porte en lui l’exigence essentielle de ne pas avoir trop de frères et de sœurs. (On laisse bien aux légumes, dans les champs, la quantité de terre voulue pour qu’ils poussent !)

Et voici des visions qui comparaissent pour hurler cette dernière justice.

Voici des gamins de six ans, noués, arrêtés dans leur croissance, atrophiés sans espoir, par la fatigue de porter continuellement des tout petits sur les bras.