Aller au contenu

Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
la maternelle

plancher, au moins, car il faut grimper sur une chaise pour ouvrir les fenêtres et elles sont encore surmontées d’un vasistas.

La directrice tapa dans ses mains, sans grande conviction, vers les bancs grouillants et bruissants.

— Voyons, là-bas, un peu moins de vacarme !

Une centaine de jeunes têtes présentèrent pendant cinq secondes l’attention de leurs yeux vifs, puis redevinrent exactement aussi mouvantes et babillantes.

Une autre remarque : il y avait deux catégories de « binettes » : les parisiennes pures, plus mièvres et plus ciselées, et les parisiennes d’occasion, plus épaisses, avec des traits rudes, sous lesquels on déchiffrait le normand ou l’auvergnat.

Je plaçais toujours de nouveaux paniers et de nouveaux bérets. Un bruit confus d’éléments régnait dans le préau, j’avais l’impression d’un envahissement total, par écluses lointaines, de l’atmosphère. D’autre part, une disposition inconnaissable s’éveillait en moi. N’avais-je pas éprouvé, une fois, ce vague attendrissement à la vue de chats nouveau-nés ? Et la question de la directrice me revenait : « Aimez-vous les enfants ? »

J’étais toute drôle : comme gênée et sollicitée.

La directrice me montra un enragé bonhomme : je l’avais déjà fait asseoir deux fois, et il était encore debout qui interpellait et tirait ses camarades. Pour qu’il restât en place, je lui appuyai ma montre à l’oreille, une montre d’homme à fort tic-tac : « Écoute ! »