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Pendant la récréation, dans la cour même, les enfants exhalent une joie forcée, de fausse délivrance ; ils apporteraient un autre tumulte dans la rue ou dans un square. Moi, le matin, ma figure change, il tombe dessus quelque reflet de la pédagogie de ces dames ; et aussi, intérieurement, j’éprouve la sensation de dépendre d’une autorité qui ne peut pas se familiariser ; d’instinct, mon corps se rétrécit et se garde.

Je voulais constater un résultat à la fin de l’année scolaire, le voici : tout le monde a perdu de son essence propre, tout le monde subit l’influence occulte de « l’administratif ».

Dès l’entrée, — à cause de l’odeur unique, de la construction générale haute et déserte, du mobilier symétrique, fait pour l’alignement, à cause du Règlement affiché, imprégné dans l’air, — les enfants et les grandes personnes prennent une âme « de commande ».

Les enfants arrivent, ils décrivent un salut spécial, un salut « qui ne sert qu’à l’école » ; ils composent leur voix, leur regard.

Combien de force, de beauté, de possibilité heureuse apportée là, et détruite ! Car, il faut le dire : c’est le meilleur de l’individu qui se dissout à l’école.

De même que l’art est vivifié et renouvelé par les excessifs, par les « sauvages », de même, la vie est orientée vers le mieux par les turbulents. L’espoir de la génération est dans les mauvais écoliers.

C’est Adam, surnommé par ces dames « l’Exempt