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la maternelle


La pluie a comme grossi des tares invisibles autour de moi. La pauvreté ambiante m’afflige, et de plus — voilà où se manifeste le grossissement — un fait existe ici-même, sans jamais cesser, qui est profondément douloureux… parfois des souffles d’avertissement affreux sortent des murs de l’école, comme, par moments, dans le quartier, des relents d’infection émigrent des ruisseaux et des allées de maisons. Et surtout, dans cette matinée du 31 octobre, vers dix heures, quand les trois classes fonctionnaient, les tout petits chantant, les moyens et les grands écoutant un récit, j’ai eu l’intuition d’un grand malheur : puis, le coup de folie amusante de la récréation est arrivé avant que rien se soit précisé.

À moi la faculté de réagir ! Los au double contenu — favorable et adverse — des faits et des idées !

Le mauvais temps rend particulièrement évidents les bienfaits de l’école, et il n’est pas besoin de prouver combien le vaste abri administratif est préférable à la rue noyée, au logement étroit et malsain.

La récréation dans le préau, — à cause de la cour impraticable — produit des totalisations de bruit où l’on catalogue successivement le fracas d’une gare de chemin de fer, le grondement d’un déversoir, les éclats d’une salle de vente à la criée.

Les enfants lâchés font penser parfois à des volailles qui cherchent à picorer ; ils quêtent, s’appro-