Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/92

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tance. Il faut que le personnage garde cette propriété de crispation qui galvanise une femme… Oui, voyons… à l’avenir je savourerai un âcre plaisir à être encore à genoux par terre, les mains dans l’ordure en sa présence. Je me complais dans ma bassesse. Ainsi, un enfant puni dans son amour-propre se barbouille, se rend ignoble par bravade, par excès de rage.

Les hommes ne mépriseront jamais assez les femmes. Mme Paulin m’a lu, hier, ce drame sur son cher Petit Journal : un désespéré n’ayant pu obtenir la haute position qu’il convoitait a corrigé le sort par deux coups de revolver. Nous recelons plus de lâcheté, nous, les femmes : si nous ne pouvons pas gravir les marches, nous acceptons de les laver…

Un frisson m’a secouée ; j’ai attrapé mes paperasses, je me suis mise à les feuilleter, à faire un brin de toilette à mes notes ; j’ai attifé des phrases, comme si elles devaient un jour se produire en public. Et, finalement, je me suis obligée à songer à mon métier. Je veux « rejoindre » l’employé qui a la nostalgie du bureau et ne saurait se livrer à la moindre spéculation en dehors du service ; celui-là est un sage, il construit du bonheur avec les éléments mesquins que le sort lui a départis.

Demain, j’aurai une journée fatigante ; les enfants sont durs à tenir le lundi… Ah ! m’y voici : voici le préau avec ses boiseries jaunes, sa barrière marron. Voici la classe de la normalienne ; derrière le bureau, deux tableaux noirs et des ouvrages de