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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

également, de ce côté des Alpes, de grands architectes de la Renaissance ; il existe des écoles personnelles, non à la place, mais dans le voisinage des écoles régionales demeurées toujours vivaces.

Quelque penchant que l’on eût à s’abandonner au caprice, à se laisser guider par son admiration de l’antiquité, la fidélité aux principes qui, depuis cinq siècles, avaient présidé aux évolutions de l’art, n’en demeure pas moins intacte. Dans nos édifices, la logique prédomine, et en toutes choses il est tenu compte des habitudes, des besoins et des goûts. Ajoutons à cela certaines conditions matérielles peu favorables aux innovations. Avant la fin du xvie siècle, peu de constructions furent élevées d’un seul jet. Le clergé avait ses églises, les seigneurs leurs châteaux, et l’engouement pour les formes antiques n’alla pas jusqu’à induire les uns et les autres à jeter bas des monuments vastes, somptueux et solides, que le dédain n’atteignait pas encore. D’ailleurs il y avait là des souvenirs auxquels nos pères n’étaient pas insensibles, et les possesseurs de fiefs notamment répugnaient à abattre des tours qui témoignaient de l’ancienneté de leurs droits. S’il s’agissait d’un château situé dans l’enceinte d’une ville, il y avait aussi à tenir compte des difficultés de s’étendre, par conséquent de modifier et de régulariser le plan primitif. Puis — et c’était là la principale considération — la démolition d’épaisses courtines n’allait pas sans de grandes dépenses ; il fallait se borner à des remaniements ou à des reconstructions partielles.

Les architectes, ainsi gênés dans leurs mouvements et n’ayant que de rares occasions d’édifier un monu-