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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

réunies dans leurs palais, par leur goût personnel pour l’antiquité et l’appui qu’ils accordent aux idées nouvelles, mériteront un des premiers rangs, sinon le premier, parmi les grands protecteurs de la Renaissance.

Gardiens de traditions religieuses immuables dans leur essence, ils auraient pu peser sur la forme que l’art donnait à ces traditions et réprimer ce qui, dans l’art profane lui-même, eût paru contraire à la sévérité des mœurs chrétiennes. Ils encouragèrent au contraire de légitimes libertés, et leur tolérance alla beaucoup plus loin que n’était allée au moyen âge celle de la plupart des princes catholiques. L’influence la plus notable qu’aient exercée les papes sur la direction de la Renaissance résulte de ce qu’ils conduisirent les architectes à l’appliquer aux églises avec la même indépendance et le même succès qu’aux monuments civils.

La prise de Constantinople et le renversement du Bas-Empire par Mahomet II, en 1453, n’affectèrent d’abord que la marche de l’érudition et de la littérature. Les Grecs exilés apportèrent des manuscrits et développèrent par la communication de ces manuscrits ou par leurs leçons orales les connaissances et le goût de la langue d’Homère. Quant à l’art, il ne se ressentit sérieusement qu’au xvie siècle de l’essor donné aux études classiques.

Le caractère italien tel qu’il s’épanouit à l’aurore de la Renaissance a bien plus fait pour celle-ci que les changements et les commotions politiques. L’art et le patriotisme, voilà ce qui tourne alors toutes les têtes