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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye, commencer dès la base et conduire très avant ceux de Villers-Cotterets, Chambord, Madrid, la Muette, Challuau et Folembray. Il n’est pas jusqu’au vieux Louvre de Philippe-Auguste et de Charles V qui, dans les dernières années du règne, ne fût jeté bas pour faire place à la merveille que nous connaissons. Et l’exemple parti de si haut ne pouvait manquer d’être suivi. De toutes parts on se mit à rajeunir les vieilles habitations quand on n’en bâtissait pas de nouvelles. La France en peu d’années changea d’aspect. Grâce à l’action personnelle du roi, l’évolution depuis longtemps commencée se trouva rapidement atteindre le but désiré.

Si François Ier personnifie le mouvement général de la Renaissance, l’esprit de cette grande époque paraît en quelque sorte s’être incarné dans un écrivain de génie, François Rabelais. On a pourtant, tout au moins dans le domaine artistique, un peu trop grandi le rôle du célèbre curé de Meudon, et nous ne saurions mieux faire que de citer à ce sujet l’appréciation de Charles Lenormant : « Il est, dit-il, du propre des hommes de la trempe de Rabelais de causer une profonde illusion sur la nature de leur esprit. Comme à eux seuls il est donné de communiquer à la pensée qui circule une forme ineffaçable, on leur fait honneur à eux seuls aussi de cette pensée, quand la plupart du temps on ne devrait voir en eux que de merveilleux écouteurs aux portes, des corsaires ayant lettres de marque sur tout le commerce des idées, des gens qui du droit que la forme leur assure prennent leur bien où ils le trouvent, geais immortels parés des plumes de mille paons