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LIVRE PREMIER.

il convient de dresser audacieusement au-dessus de la cathédrale la coupole du Panthéon d’Agrippa. À cette proposition chacun se récrie tout d’abord, puis on délibère et, finalement, sur la vue d’un modèle en relief qu’il présente, on est à moitié convaincu. Brunellesco entreprend alors la construction de quelques pieds de mur, avec l’aide de Ghiberti qu’il s’est laissé adjoindre. Mais ce dernier, dont l’ignorance comme praticien, grâce à de nouveaux artifices de diplomatie, est mise dans tout son jour, se retire bientôt, laissant son rival déployer seul une telle activité que peu d’années suffirent pour achever presque entièrement les travaux. À la mort du maître (1446), il ne restait plus que la lanterne à exécuter.

La coupole de Sainte-Marie-des-Fleurs, un peu plus vaste, mais surtout beaucoup plus solide que celle de Saint-Pierre de Rome, est la première œuvre architecturale de la Renaissance, aussi bien par ordre de mérite que par ordre chronologique. Et pourtant, si nous ne sommes plus en présence d’une construction gothique, nous n’avons pas non plus sous les yeux une imitation du Panthéon d’Agrippa, ni de tout autre monument romain. L’auteur a pris des anciens des leçons de goût ; il leur a demandé les secrets de l’art de bâtir, il ne s’est pas fait plagiaire. Dans la décoration, les grands pilastres d’angle et le petit ordre ionique de la balustrade sont presque les seuls tributs payés aux formes gréco-romaines.

Dans les autres édifices religieux construits par lui à Florence et dont le plan lui appartient en entier, Brunellesco se sert davantage de la connaissance qu’il