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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

juger par des dessins, l’œuvre, en effet, était admirable, et l’on ne saurait trop regretter que la pioche des démolisseurs ait tout détruit, il y a moins de cinquante ans (1847).

Un autre cloître également remarquable, à Saint-Martin de Tours, n’a pas heureusement disparu tout entier. Il en reste encore l’aile orientale, qui permet de constater avec quelle rapidité s’était développé le talent de Bastien François. Au lieu de l’aspect un peu rude, bien que très avancé de style (1507), propre au clocher nord de la cathédrale, nous trouvons à Saint-Martin (1508-1519) tous les charmes de la décoration la plus fine et la plus élégante. Le neveu de Michel Colombe, qui était à la fois architecte et sculpteur, du côté du préau, a surmonté ses arcades de la plus délicieuse frise. En même temps, dans les écoinçons sont disposés des médaillons imités de plaquettes italiennes (David vainqueur de Goliath, par Moderno ; l’Abondance et le Satyre, par Frà Antonio da Brescia). On peut seulement reprocher à ce chef-d’œuvre la trop forte saillie des contreforts qui empêche d’embrasser tout l’ensemble d’un coup d’œil.

À Fontevrault une disposition analogue se fait remarquer dans la partie du grand cloître élevée sous l’abbesse Renée de Bourbon, vers 1520. Mais tout ce qui remonte à la nièce de la précédente, Louise de Bourbon (1548-1561), présente au contraire, entre les arcades, de simples colonnes accouplées. Sans nuire aucunement à la solidité, l’architecte a cru pouvoir rompre ainsi avec la tradition gothique et entrer complètement dans l’esprit de la Renaissance.