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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

différence habituelle, se montrait généralement favorable aux traditions de l’art gothique. Néanmoins c’est dans cette ville que Jacopo della Quercia a laissé ses plus belles œuvres : le portail de San Petronio (1425-1433) et un tombeau à San Giacomo Maggiore. L’un des Bentivoglio, Jean II (1462-1509), faisant trêve à l’humeur batailleuse de sa famille qui s’était depuis longtemps emparée du pouvoir, prit même à la fin du siècle hautement parti pour la Renaissance.

Dans les Marches, deux petites villes, Urbin et Rimini, ont une gloire méritée qui doit presque tout entière remonter à leurs souverains.

À Urbin, la Renaissance se personnifie en quelque sorte dans le duc Frédéric de Montefeltre († 1482), une des figures les plus sympathiques de l’Italie au xve siècle. Sa seconde femme, Battista Sforza, s’exprimait élégamment en latin ; quant à lui, l’élève du savant et vertueux Victorin de Feltre, il faisait ses délices de la lecture des philosophes grecs, de Tite-Live et de saint Thomas d’Aquin. L’œuvre capitale de son règne est la construction d’un palais dû à Luciano da Laurana (1468), et tellement admiré même avant d’être terminé que Laurent le Magnifique en fit demander les plans.

Rimini, grâce aux Malatesta, joua un rôle important durant la première Renaissance. L’un de ses seigneurs, Charles, à la fois ami des lettres et des arts, se fit protecteur des humanistes et chercha à retenir près de lui Ghiberti. Un autre, plus célèbre, Sigismond (1429-1468), ayant eu le bonheur d’attacher Alberti à sa fortune, fit rebâtir ou plutôt transformer l’église Saint-François qui, par sa singu-