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Page:Léon Palustre - L’Architecture de la Renaissance.djvu/38

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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

possession de son rôle nouveau et se mettre à la tête du mouvement. Au lieu de venir simplement comme auparavant chercher des inspirations au milieu des ruines, faire bagage de tout ce qui pourra leur servir dans les villes où ils seront appelés, la plupart des architectes s’établissent d’une manière définitive ou ne s’en vont qu’avec esprit de retour. Papes et cardinaux, du reste, s’entremettent pour les retenir et, dans le but d’utiliser leurs talents, conçoivent les plus vastes entreprises. Néanmoins, l’action de Rome sur le xvie siècle reste bien moins complète et moins absolue que ne l’avait été celle de Florence sur le xve ; le foyer matériel, qui seul s’est déplacé, n’est entretenu que du dehors ; la flamme part toujours des lieux divers où elle s’était allumée tout d’abord, particulièrement de Florence qui ne se laisse pas de sitôt oublier.

Au xvie siècle comme auparavant, Rome vit de ses souvenirs et de son prestige, mais ce n’est pas de son sein que sortent les génies. Aucun des artistes qu’elle accueille ne compte parmi ses enfants. Elle doit Michel-Ange, San-Gallo, Peruzzi et Ammanati à Florence, ou tout au moins à la Toscane[1], Raphaël et Bramante à Urbin et ses environs, Vignola au duché de Modène, Giacomo della Porta à Milan, Ligorio à une ville qui ne paraissait guère en état de faire quelque chose pour la Renaissance, à Naples. Nous ne parlons pas des artistes qui vivaient en dehors de Rome ; ceux-là naturellement lui étaient étrangers.

  1. Peruzzi naquit à Volterra d’un Florentin réfugié dans cette ville ; San Gallo à Mugello, près Florence ; Michel-Ange au château de Caprese, près Arezzo.