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Parmi les mots disparus, il y en a qui ont laissé des traces visibles de leur passage éphémère, dans les œuvres d’esprit des trouvères et des chroniqueurs, dans les documents de l’époque et dans les contrées voisines où ils ont émigré, d’où ils sont venus et où ils existaient déjà.

Grâce aux archives, où ils sont enfouis pêle-mêle avec les survivants, il est possible d’en retrouver une bonne partie.

Mais d’autres se sont éteints à tout jamais, sans laisser aucun souvenir, parce que, malheureusement, personne n’a eu soin de les enregistrer.

C’est ce qui fit dire à M. Ch. Grandgagnage, dans la préface de son savant ouvrage, le Dictionnaire étymologique de la langue wallonne :

« Le Wallon doit sa forme à deux éléments distincts. D’une part, c’est une langue formée régulièrement d’après des principes fixes ; d’autre part, un jargon corrompu. Ceci, de ce qu’il n’a jamais été fixé par l’écriture, et de ce qu’il s’est produit et conservé en grande partie dans le peuple illettré ».

D’autre part, nous trouvons également dans la préface du Dictionnaire Wallon-Français de M. J. Remacle :

« Les peuples qui n’ont point écrit, avant de passer sous le joug, ne laissent que des souvenirs fugitifs de leur langage ; et nous savons que les Gaulois avait le bon ou le mauvais esprit de ne point écrire.

» Oui, notre pays n’avait que peu d’étendue, et, sans doute, ses habitants étaient pauvres, mais ils vivaient sans ambition. Nous avons été vaincus, traqués, et jamais entièrement asservis. Voilà ce que je veux faire remarquer ; et j’ajoute, sans insinuation, que notre idiome se perd dans la nuit des temps, et que nous reconnaissons des mots wallons dans toutes les langues sans exception. S’il a subi l’influence d’une