appauvrissante exubérance, il n’en a pas moins conservé son type distinctif.
» Dans quelle langue retrouve-t-on sa mâle concision ? Dans aucune ; nos proverbes ou spots et nos gallicismes sont inimitables. Si les étrangers nous comprenaient, ils seraient étonnés d’entendre nos vieillards prodiguer leurs archaïsmes à pleines mains ; ils seraient plus surpris encore de l’extrême simplicité de ces tours surannés qui parlent plus au cœur qu’à l’esprit.
» L’idiome wallon n’est pas riche en mots, mais il est riche en acceptions et en onomatopées : nous n’hésitons point de l’affirmer, il en est peu d’aussi rapprochés de la nature. »
En présence du travail incessant de la culture intellectuelle qui, après avoir pris possession des villes, marche en avant à la conquête de la campagne, les hommes qui affectent un profond mépris pour les idiomes populaires, sans se douter peut-être de leur importance, croient généralement que les patois sont condamnés à disparaître à bref délai et que, remplacés par des langues littéraires qui cherchent à les détrôner, ils ne seront plus, sous peu, qu’un vague souvenir dans l’esprit du vieillard et de l’enfant, une empreinte fossile dans les couches dernière de l’histoire.
Aussi le Wallon, d’après ces prévisions pessimistes et malencontreuses, en partageant le sort général de ses frères malheureux, devrait succomber, en moins de cinquante ans, devant les succès victorieux du français, qui lui dispute le pas et le droit d’existence.
Eh bien ! n’en déplaise aux adversaires déclarés des patois, cette appréciation, qui repose sur des lois et des faits mal connus, ne sert qu’à propager une erreur d’autant plus accréditée qu’on considère les patois comme l’ivraie au milieu du bon grain, des sauvageons bons à faire tout au plus du bois à brûler, et qu’on cite l’exemple de certains dialectes tout récemment disparus