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trentième runo
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n’ont gagné le Lapon avec des présents[1]. Je suivrai l’exemple de mon père, je dirai comme lui : « Protége-moi, ô Créateur éternel, protége-moi, ô glorieux Jumala, sauve-moi avec ta main pleine de grâces, avec ta puissante armée, des artifices des hommes, des machinations des femmes, des ensorcellements des mentons barbus, des ensorcellements des mentons sans barbe ! Sois mon appui invincible, ma garde inviolable, afin que le garçon ne se perde point, que le fils de ma mère ne s’égare point de la route que le Créateur lui a montrée, que Jumala lui a tracée[2] ! »

Et le joyeux Lemminkäinen, le beau Kaukomieli se fit un cheval de chagrins, un noir étalon de soucis, il lui façonna une bride de jours sinistres, une selle d’angoisses poignantes[3] ; puis il monta sur le dos du bel

  1. On sait que, chez tous les peuples du monde, les sorciers n’ont jamais été insensibles aux présents, et que la moindre pièce d’argent suffit le plus souvent pour calmer leur courroux et se les rendre favorables.
  2. Tout ce long passage relatif aux sorciers, forme un chant particulier analogue à celui que nous avons rencontré dans la douzième runo (voir page 103, note 1). On l’appelle aussi Paroles de précaution (varaussanat). Je citerai le texte des derniers vers :

    « Ei ennen minun isoni,
    « Eika valta-vanhempani
    « Nouatellut noian mielta,
    « Lahjoitellut Lappalaista.
    « Noin sanoi minun isoni,
    « Noin sanon mina itseki :
    « Varjele vakainen luoja,
    « Kaitse kauroinen Jumala,
    « Auta armo-kourallasi,
    « Vakevalla vallallasi.
    « Miesten miieli-juohtehista
    « Akkojen ajatuksista,
    « Pakinoista partasuien,
    « Pakinoist’on parratointen !
    « Ole ainaisna apuna,
    « Vakaisena vartiana,
    « Ettei poika pois tulisi,
    « Emon tuoma erkaneisi
    « Luojan luomalta laulta,
    « Jumalan sukeamalta ! »

    .
  3. C’est-à-dire que les chagrins, les soucis, etc., déterminèrent