Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite on n’y trouve pas de provisions. Si les envoyés chinois viennent avec un personnel de plusieurs centaines d’hommes, la moitié meurent de faim en route. Comment pourraient-ils donc envoyer une armée ? Les chevaux de Eul-che sont certainement les chevaux les plus précieux du Ta wan. En conséquence, le Ta wan opposa aux demandes de la mission chinoise un refus catégorique. L’envoyé chinois, furieux, se répandit en propos violents, martela le cheval d’or au point de le rendre informe. Les grands du Ta wan s’irritèrent et dirent : L’envoyé chinois est venu nous insulter. On lui donna l’ordre de partir, et on avisa le roi de Yu-tch’eng sur la frontière orientale qui l’arrêta, le tua et s’empara de ses trésors. À cette nouvelle, l’Empereur eut un accès de fureur. » En 104 Wou ti charge le général Li Kouang-li de châtier le Ta wan. Li Kouang-li avec 3 000 hommes est battu et rejeté sur Touen-houang ; une seconde expédition, l’année suivante, se heurte aux Hiong-nou. En 102, Li Kouang-li organise une armée de plus de cent mille hommes. Pour comprendre la hardiesse folle d’une pareille entreprise, il faut se représenter ces immenses déserts du Turkestan chinois, peine coupés de distance en distance par de rares oasis ; en regard des témoignages fournis par les voyageurs, les géographes, les historiens chinois, il faudrait lire les relations des explorateurs contemporains, comme Sir Aurel Stein ou Pelliot, qui ont affronté les épreuves de ces rudes parages pour exhumer des sables le cadavre enfoui des vieilles civilisations. Servi cette fois par la fortune, Li Kouang-li réussit ; il vient mettre le siège devant Eul-che, isole la ville par des travaux de terrassement dignes de l’armée romaine ; au bout