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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/104

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avoir assuré chez les Wou-souen la prépondérance chinoise en accordant au k’ouen-mo des Wou-souen la main d’une princesse chinoise (105). La pauvre princesse commença par passer du k’ouen-mo, vieux et décrépit à son petit-fils, et pendant plus d’un demi-siècle elle continua de passer de souverain en souverain, à travers les révolutions de palais, avec les joyaux de la couronne, inébranlablement fidèle à son poste pour y défendre l’influence des Han. Elle eut la satisfaction, trente-quatre ans après son premier mariage, seize ans après la mort de Wou ti, de préparer par sa diplomatie la coalition des Wou-souen et des Han qui réunit 200 000 cavaliers contre les Hiong-nou et leur infligea une sanglante défaite (71). Outre 40 000 prisonniers, les vainqueurs capturèrent 700 000 têtes de bétail, chevaux, bœufs, moutons, mulets et chameaux. Mais, quand elle vit l’empire des Wou souen disloqué en deux royaumes et l’empire des Hiong-nou disputé par cinq chan-yu, elle se résigna à solliciter de l’empereur Siuan-ti l’autorisation de rentrer en Chine (51) pour y mourir presque aussitôt (49).

Elle avait pu assister au couronnement de l’œuvre à laquelle elle s’était si longtemps dévouée. En 65 la ville de So-kiu [Yarkand], incessant foyer des intrigues ourdies contre la Chine, avait été prise par une armée chinoise. En 51, la visite que le chan-yu vint rendre à la cour impériale consacrait l’humiliation des Hiong-nou. Quinze ans plus tard, les Hiong-nou sentaient encore, à l’autre extrémité de l’empire, s’abattre sur eux le poids de la puissance chinoise. Un des chan-yu qui se disputaient la couronne avait rompu avec la Chine par un acte de félonie, avait mis à