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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/111

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V

INDO-PARTHES ET INDO-SCYTHES

On dirait que le destin s’est amusé à l’ironie des contrastes en amenant sur le sol indien les Scythes aussitôt après les Grecs. Les nomades des steppes du nord ont, quelle que soit leur race respective, ce trait commun : l’incapacité d’élaborer une civilisation propre, et d’autre part une étonnante souplesse pour s’adapter à toutes les formes de civilisation que le hasard des migrations met sur leur chemin. Les Ottomans de Constantinople conservaient encore après des siècles ce signe d’origine, à la surprise ou au scandale de l’Europe qui prenait trop facilement pour des calculs machiavéliques les variations spontanées d’une inépuisable plasticité. S’ils n’apportent rien d’original, ces mouvements de peuples n’en possèdent pas moins une véritable puissance de création ; ils ouvrent aux forces nouvelles dont ils se constituent les champions des possibilités imprévues. L’histoire de l’Inde, si abondante en incertitudes et en lacunes, n’a pas de période plus confuse que celle des empires scythiques, les dates y oscillent, au gré des constructeurs de systèmes, entre deux ou trois siècles d’intervalle. Le problème de l’avènement de Gondopharès ou de