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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/112

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Kaniṣka apparaît au premier abord comme un jeu innocent réservé à des dilettantes oisifs. L’Église du Christ et l’Église du Bouddha y ont pourtant l’une et l’autre un intérêt vital ; l’expression de deux grandes croyances change d’aspect avec l’une ou l’autre des solutions proposées. J’aurai donc à m’efforcer d’éviter ici une précision décevante, quelles que soient mes préférences personnelles. J’ai apporté une contribution assez étendue à l’étude de cette période pour en connaître les difficultés.

Nous avons appris par les sources chinoises que les Çaka, autrement dit les Scythes de la zone d’influence iranienne, délogés de leurs territoires au voisinage de l’Iaxarte (dans le Turkestan russe) par la poussée des Yue-tche, avaient pris la fuite vers le sud, franchi les passes difficiles des monts Hiuan-tou (Hindou-Kouch) et occupé le Ki-pin, entre 160 et 130 av. J.-C. La vallée de Caboul était un domaine fort disputé. Les Annales des Seconds Han la décrivent ainsi, sous le nom de Kao-fou : « Le royaume de Kao-fou est au sud-ouest des Ta Yue-tche ; c’est aussi un grand royaume. Les habitants ressemblent pour leurs mœurs à ceux du T’ien-tchou (Inde), mais ils sont faibles et aisés à asservir ; ils sont bons marchands et ont des richesses privées considérables. Ils n’étaient pas toujours dominés par les mêmes maîtres ; quand l’un de ces trois royaumes qui sont le T’ien-tchou (Inde), le Ki-pin (Cachemire, dans ce texte) et le Ngan-si (Parthie) devenait puissant, il s’emparait d’eux ; quand il s’affaiblissait, il les perdait… C’est quand les Yue-tche eurent triomphé du Ngan-si qu’ils prirent pour la première fois le Kao-fou. » Installés au sud de l’Hindou-Kouch, les Çaka coupaient les