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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/114

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taient sans doute aux derniers dynastes helléniques. Démétrius y avait fondé, vers le début du iie siècle, une ville qu’il avait baptisé de son nom (Démétria). Sur les bords marécageux du désert où le Helmend va se perdre, dans ce paysage qui rappelle par un rythme frappant de symétrie les régions du Lop-Nor, les Çaka ont marqué une empreinte durable, le pays a perdu son ancienne désignation de Drangiane (territoire des Zaranka, Sarangai) ; il est devenu le Sakastān (la Sakastenê des Grecs) « le pays des Saka » par excellence, et d’étape en étape d’altération phonétique (Sagastan, Sedjestan, Seistan) il reste aujourd’hui encore le Sīstān sur les confins de la Perse, de l’Afghanistan et du Bélouchistan. Et la symétrie de la nature semble promettre ici les mêmes surprises qu’au Turkestan chinois ; l’admirable explorateur des oasis et des déserts de l’Asie Centrale, Sir Aurel Stein a terminé un de ses voyages par un raid audacieux, en pleine guerre, sur les frontières de l’Afghanistan où rôdaient des bandes de pillards ; il a pu néanmoins atteindre le Seistan et il y a reconnu des ruines qui s’apparentent avec l’art de la Sérinde. Le Seistan comptait parmi les terres saintes de la religion de Zoroastre ; un court texte pehlevi, sauvé par hasard du naufrage de cette littérature, traite des Merveilles du Sagastān ; la nature n’y a pas seulement accumulé ses prodiges, un grand fleuve : le Helmend, de grands lacs : le Frazdān, le Kyānsih Kāmsava de l’Avesta qui joue un si grand rôle dans la légende, le mont Aushdāshtār ; les souvenirs des saints y abondent ; c’est là que Vishtāspa a débuté dans la propagation de la foi ; c’est là qu’il s’est entretenu avec Zoroastre ; là est le berceau des trois derniers apôtres. Les