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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/115

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Çaka, en s’installant sur ce sol sacré, s’y affirmèrent sans doute les patrons du mazdéisme local. Du bassin du Helmend, ils s’étendirent vers l’ouest ; par la vallée du Gomal, ils débouchèrent sur l’Indus et le Penjab qu’ils occupèrent peu à peu sur les ruines de la domination grecque ; même Mathurā, à l’entrée du bassin du Gange, eut une dynastie de satrapes parthes. D’autres groupes, arrivés sans doute par la passe de Bolan, s’installèrent aux bouches de l’Indus ; le capitaine au long cours qui rédigea le Périple de la mer Érythrée entre 70 et 80 apr. J.-C. donne à la basse vallée de l’Indus le nom de Scythie ; des chefs Parthes se la disputaient alors. À l’exemple des Indo-Grecs, ils prolongèrent leurs courses vers le sud-est, au long de la mer et vinrent se heurter dans un long conflit aux dynasties orthodoxes qui s’appliquaient à reconstituer dans le Deccan les institutions brahmaniques, menacées de mort dans leur berceau de l’Āryāvarta (Hindoustan) par les missions barbares. Plus les Çaka pénètrent dans l’Inde, plus l’Inde absorbe, dans son creuset où tant de races ont fondu, cette race amorphe. L’influence grecque est d’abord prépondérante ; les plus anciens d’entre les rois Çaka, qui nous sont connus par le témoignage exclusif de la numismatique, imitent les monnaies des Indo-Grecs, frappent comme eux des légendes en grec et en indien ; ils ne se contentent plus cependant du titre de « basileus » trop modeste à leur goût ; à l’instar de leurs voisins Arsacides, ils revendiquent les titres impériaux des Achéménides : « grand roi, roi des rois » basileus (basileōs) basileōn, megas (megalou), rendu en indien par la formule nouvelle : maharajatiraja. Par un contre-coup vraiment singulier, ce titre forgé artificiel-