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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/118

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était alors trop bien connue pour qu’un auteur, fût-il même théosophe, restât libre d’inventer à son aise sans respect des vraisemblances. Et l’Inde, aujourd’hui mieux connue, atteste sur de nombreux détails l’exactitude moyenne des informations de Philostrate. Après cinq années de silence et de recueillement, Apollonius se met en route pour le pays des Brahmanes, vers l’an 40 apr. J.-C. Le roi de Babylone Vardanês met à sa disposition des chameaux pour le transport. « De Babylone, lui dit-il, il y a trois jours de chemin dans un pays sans eau ; puis l’eau et les sources se trouvent en abondance. Il faut dès lors aller à travers le Caucase [Indien]. Ce pays-là fournit toutes les nécessités de la vie et nous est lié d’amitié. » Autrement dit, des Parthes on passe chez les Indo-Parthes, qui occupent la région montagneuse entre l’Iran et l’Inde. Ils franchissent le Caucase Indien (les Paropamises, l’Hindou-Kouch), traversent à gué le Kôphên (rivière de Caboul), arrivent à l’Indus. Le roi Vardanês leur avait donné une lettre pour le satrape de l’Inde, quoiqu’il ne fût pas sous son autorité, pour lui recommander personnellement Apollonius. Le satrape les accueille avec déférence, leur offre pour la traversée de l’Indus une galère satrapide, et leur remet une lettre d’introduction pour le roi de Taxile ; il lui demande de traiter Apollonius avec tous les égards dus à un Grec et à un personnage divin (ἄνδρα Ἕλληνά τε καὶ θεῖον). Les voyageurs arrivent bientôt à Taxile (Takṣaçila), la ville qui avait vu trois cents ans plus tôt le cortège triomphal du conquérant macédonien. Philostrate donne une description de la ville, la seule description de ville indienne qui nous ait été conservée dans la littérature grecque, et Sir John Mar-