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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/119

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shall, le chef du Service Archéologique de l’Inde, qui a pratiqué sur le site de Taxile des fouilles admirables, en souligne la justesse frappante. Des messagers du roi — l’inévitable cortège que suppose dans l’Inde la transmission d’un message officiel ou officieux — viennent avertir Apollonius et Damis qu’ils pourront rester trois jours en ville à titre d’hôtes ; aucun étranger n’est admis à prolonger davantage son séjour ; puis ils les conduisent au palais. Le roi qui s’appelle Phraotês (un nom proprement parthe) est un jeune homme de vingt-sept ans ; il se plaît à la philosophie, mais, avant de prendre son bain il s’exerce au disque et au javelot, à la manière grecque. (Ce Parthe, roi Indien, n’évoque-t-il pas Ménandre, comme nous le représentaient les Questions de Milinda ?) Ami de la paix, il a pris à sa solde les barbares de la frontière, toujours impatients d’envahir le pays ; c’est eux qui défendent la frontière contre les barbares situés immédiatement au-delà. (C’est la même politique qu’applique le gouvernement anglo-indien pour la garde de la passe de Khayber, par où les caravanes de Caboul entrent dans l’Inde : à prix d’or les brigands sont transformés en gendarmes). Après l’entretien officiel, le roi renvoie l’interprète ; resté en tête à tête avec ses hôtes, il se met à leur parler grec. Apollonius ne cache pas sa surprise. Phraotês allègue qu’il n’avait pas voulu devant des tiers faire étalage de ses connaissances. Quoi que puisse valoir l’explication, le trait, s’il est exact, est saisissant. Ce Parthe qui règne à Taxile et qui s’entretient en grec avec des visiteurs grecs — comme les rājas d’aujourd’hui accueillent en anglais leurs visiteurs — fait bien pendant au Parthe Orodês, qui assiste à la représentation