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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/123

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undopherrou ; en indien guduphara, gudaphara, gudupharna. Il ne lui suffit pas d’être « roi des rois » (basileus basileôn megasmaharajasa rajatirajasa mahatasa) ; il est « le sauveur » (sôtêrostratarasa), « l’invicible » (apratihata), le pieux » (devavrata). Il prend même le titre de autokratôr, que Sanatroikês (76-69) avait le premier introduit dans la numismatique des Parthes, sans doute comme l’équivalent du titre de dictateur, porté par Sylla, le vainqueur de Mithridate. Gondopharès (tel est le nom qu’il reçoit dans la Légende Dorée et sa désignation usuelle) semble avoir exercé son autorité sur un vaste domaine qui allait du Seistan au Penjab et au Sindh. Une dédicace sur pierre, découverte à Takht-i-Bai, dans le voisinage de Péchaver, est datée de « la 21e année de son règne, qui est la 103e du comput continu ». C’était, nous le verrons plus tard, la destinée des Çaka d’initier l’Inde à l’emploi continu d’une ère fixe, si forte qu’y fût la répugnance du sentiment hindou. Gondopharès fait usage sur ses monnaies d’un symbole nouveau (🜘), qu’un groupe de princes continue à employer pour se rattacher à lui ; parmi eux figure Abdagazès « fils du frère de Gunduphara ». Dans l’apocryphe De Transitu Mariae, Thomas raconte que le Saint-Esprit lui est apparu au moment où il catéchisait « Labdanès, fils de la sœur du roi ». Dans les actes, le miracle qui décide la conversion de Goundaphoros a pour héros le frère du roi, nommé Gad. De part et d’autre, on entend se prolonger l’écho confus d’une tradition conforme, dans son origine, à la réalité historique.

La fortune singulière du nom de l’Indo-Parthe Gondopharès dans la tradition chrétienne ne s’arrête pas là. Dans