Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la liste des trois Mages, autrement dit des trois souverains parthes au temps de la naissance de Jésus, le premier est Gûdapharrûm (ou encore Udûphor) ; dans la liste des douze rois qui règnent au temps de Jésus, Gundaphar est mentionné comme le père du roi Gushnasp. De déformation en déformation, Gudaphar est devenu Gathaspar, enfin Gaspar, parrain inattendu de tant de filleuls répandus dans le monde. Voilà où aboutit le vieux nom perse Vindafarma « possesseur de la majesté royale », l’Intaphernès des historiens grecs, — sans parler du chinois Wou-t’eou-lao, roi du Ki-pin au temps de Yuan ti (48-32) qui avait osé en plusieurs occasions mettre à mort les envoyés chinois ; Wou-t’eou-lao semble bien être un effort pour rendre à peu près dans la langue des Han ce nom désespérant.

Si l’équivalence de Wou-t’eou-lao et de Guduphara, satisfaisante au point de vue phonétique, s’avère un jour exacte avec le progrès des recherches, la tradition qui fait de l’apôtre et de l’Indo-Parthe des contemporains sera définitivement condamnée par la chronologie ; elle n’en demeurera pas moins comme un symbole du rôle des Indo-Parthes. On sait quelle sorte de prestige sacré s’attachait aux Parthes chez les orthodoxes de Palestine : en l’an 40 av. J.-C. le prince Pakoros, fils du vainqueur de Crassus, entrait en pompe dans Jérusalem, où Crassus avait osé piller le temple, expulsait Hérode, le protégé des Romains et le champion de l’hellénisme, et rendait le pouvoir aux intransigeants. Les communautés juives prospéraient en Babylonie ; au milieu du ier siècle apr. J.-C., le royaume d’Adiabène (entre la Syrie et la Médie) voyait son souverain Izatès, fils de Monobaze, se convertir au judaïsme