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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/127

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trône ; la légende en grec et en indien (basileôs sôtêros Ermaiou ; ou bien, par une anomalie encore inexpliquée, mais systématique : stêros su Ermaiou, — maharajasa tratarasą (mahatasa) Heramayasa). Certaines monnaies portent deux bustes conjugués avec le nom de la reine Kalliopê (Kaliyapaya) accolé à celui de Hermaios. Enfin des monnaies recueillies à plusieurs exemplaires à l’est du Pamir, dans la région de Khotan, frappées d’une image de cheval, portent en exergue une légende indienne, en écriture kharoṣṭhī, au nom de Hermaios ([hera] mayasa), et au revers des caractères chinois qui en indiquent le poids (2 onces, 4 tchou). Mais sur une autre série, Hermaios subit un voisinage inattendu : la face montre bien encore le buste de Hermaios et son nom en grec, mais au revers, autour d’un Héraklès, on lit : « Kujulakasa Kuṣaṇa le yabgou pieux » (kujulakasasa kuṣana yavugasa dhramaṭhitasa). Enfin Hermaios disparaît, remplacé sur la face par le buste du conquérant entouré d’une légende en caractères grecs : Kozoulo Kadphisou Korsna (?). Les pièces frappées au nom de Kujula Kara Kadphisês donnent au roi, dans la légende indienne, le titre consacré de « roi des rois » (maharayasa rayarayasa) accompagné d’un autre titre inconnu jusque là au protocole indien : « fils du Ciel » (devaputra). C’est le titre classique des Empereurs de la Chine, et qui reste dans l’Inde l’apanage des Kuṣaṇa. Le chef de tribu scythique qui a renversé un royaume grec et qui s’affuble de titres turcs et chinois se met vers la fin de sa carrière à l’école des Romains ; ses dernières monnaies copient les denarii (sanscrit dīnāra) des dernières années d’Auguste entre 4 av. et 2 apr. J.-C.).