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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/128

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Son fils, qui lui succède, adopte le module et l’étalon des Romains. Les Indo-Grecs n’avaient pas fait usage de l’or ; les très rares pièces d’or frappées à leur nom (Eukratidès, Ménandre) sont bien plutôt des médailles que des monnaies. Hima Kadphisês (le Yen-kao-tchen de l’histoire des Seconds Han) copie fidèlement l’aureus (de 8,035 grammes). L’abondance de l’or chez les Kuṣaṇa et l’imitation de l’aureus romain attestent le brusque développement et l’intensité des échanges entre l’Inde et le monde romain (surtout l’Égypte et la Syrie), au début de l’ère chrétienne. C’est à ce moment-là, on se le rappelle, que la Chine envoie un fonctionnaire, le po-che-ti-tseu King, en mission chez le roi des Kuṣaṇa (2 av. J.-C.) L’ambitieux Wang Mang, qui se prépare à usurper le titre impérial et qui a déjà concentré dans sa main tous les pouvoirs, cherche à s’assurer des concours en dehors et à flatter l’orgueil chinois en attirant des missions lointaines. Le prince héritier des Kuṣaṇa communique oralement à l’envoyé chinois le premier texte bouddhique qui parvienne en Chine. Si le prince est déjà acquis au bouddhisme, où son zèle doit balancer un jour la ferveur et la gloire d’Açoka, le roi Hima Kadphisês est exclusivement attaché au dieu Çiva, sous le vocable de Maheçvara (« grand seigneur »). Çiva seul figure sur ses monnaies, tantôt avec sa monture, le taureau Nandi, tantôt avec son trident (triçula). En exergue, la légende indienne, très développée, porte : « le grand roi, roi des rois, seigneur du monde entier, adorateur de Çiva (Maheçvara) Hima Kapti (?) sa » (maharajasa rajatirajasa sarvalogaīçvarasa mahiçvarasa hima kapti (?) çasa). La légende en langue et en lettres grecques est en voie de