Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

DE L’INDE CONTINENTALE À L’INDE MARITIME

Pendant que les invasions se succèdent au Penjab, et sur le bas Indus, et qu’elles s’ouvrent de temps en temps un chemin jusqu’au Gange et jusqu’au golfe de Cambaye, l’Inde archaïque cherche un refuge dans les régions de la côte orientale et du Deccan que leur éloignement semble garantir contre les entreprises des conquérants étrangers. Refoulée au nord-ouest par la pression du dehors, la civilisation nationale de l’Inde n’en poursuit pas moins son travail d’expansion dans les immenses réserves de la péninsule et même en dehors de l’Inde, vers ces contrées et ces îles de l’Orient où la civilisation chinoise, par une frappante correspondance d’aspirations, semble venir au-devant d’elle. Le temps était déjà loin où Rāma, exilé d’Ayodhyā par les manœuvres infernales d’une marâtre et marchant vers le Sud, s’engageait presqu’immédiatement au-delà du Gange dans des solitudes inexplorées où d’étape en étape l’ermitage d’un missionnaire ascète accueillait et réconfortait le voyageur aventureux, où la haute vallée de la Godāvarī n’était qu’une forêt impénétrable hantée des