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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/138

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Khāravela, souverain du Kalinga, de qui nous avons un panégyrique tracé sur la pierre. L’inscription se trouve sur la façade d’une grotte dans le voisinage de Cuttack, la capitale de l’Orissa ; à l’entour, d’autres grottes rappellent aussi des fondations dues à la famille royale. L’architecture indienne prélude aux magnifiques hypogées qu’elle saura bientôt édifier en aménageant des grottes, généralement destinées à loger des communautés de moines. Un des successeurs d’Açoka, Daçaratha le Maurya, ouvre la série avec les grottes du mont Nāgarjuni qu’il offre aux moines Ājivika. Les grottes aménagées par Khāravela et sa famille sont vouées aux Arahaṃta (Arhat), les Saints de l’Église Jaina. La religion qui est depuis son origine la rivale du bouddhisme n’a pas trouvé d’Açoka pour lui donner la consécration d’un patronage impérial ; elle végète dans une médiocrité prospère qui la préservera des cataclysmes définitifs et qui lui permet de survivre encore aujourd’hui dans l’Inde à l’anéantissement de l’église bouddhique. Elle reste nationale, peut-être en dépit d’elle-même, car elle aime à se flatter d’opérer des conversions ; elle reste même professionnelle : c’est la religion des gros marchands (çreṣthin, seṭh) qui dépensent volontiers en chapelles somptueuses, comme les Vénitiens de Saint-Marc. À Mathurā, sous les satrapes Çaka comme sous les empereurs Kuṣaṇa, ils multiplient des donations artistiques, statues, reliefs, etc. Khāravela, qui accole à son nom l’appellation panégyrique de Mahāmeghavāhana « Celui qui a pour monture les grands nuages », ne porte que des titres purement indiens : il est un Arya (Aira), un grand rāja (mahārāja), un seigneur souverain (adhipati) ; il est Khāravela-