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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/14

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descendu du Paradis céleste. Bonne mousson, bonne moisson ; mais si la pluie est rare, c’est la famine, le typhus, le choléra, des millions de victimes vouées à la mort. Avec sa population presque tout entière agricole, et d’une densité stupéfiante dans les districts bien cultivés, l’Inde a besoin de son blé, de son riz, de son millet, de son sésame, de tant de céréales et de graines qu’elle produit, en partie pour s’en nourrir, en partie pour les exporter. La nature bienveillante y joint une profusion de fruits savoureux : la banane, la datte, la noix de coco, la mangue, la goyave, l’ananas, et tant d’autres, ignorés la plupart, souvent même de nom, dans nos climats. Le bambou vaut d’être cité, pour les innombrables services qu’il rend. Les épices, poivre, cannelle, etc. ont fait de tout temps la gloire et la fortune du Malabar et de Ceylan. Le cotonnier, largement répandu dans le Guzerate et le Deccan, donne cette « laine d’arbre » que la main d’œuvre indigène sait transformer en mousselines impalpables. Pour se faire une idée de l’infinie diversité des arbres, des plantes, des fleurs, il faudrait lire une de ces énumérations où se laisse aller volontiers l’art descriptif de l’Inde comme pour éblouir et confondre l’imagination sous le ruissellement des vocables. Je ne mentionnerai pas ces noms, évocateurs d’images seulement pour l’esprit hindou, mais qui ne sonnent pour nous que comme des combinaisons de sons baroques. Comment parler du jambou, l’arbre empourpré d’une floraison attachée à ses rameaux, et qui est pour l’Indien ce que le peuplier est à nos paysages, ou le cyprès aux paysages d’Italie ? L’Inde se désigne elle-même aujourd’hui ainsi qu’autrefois, comme le Pays du Jambou (Jam-