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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/15

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budvīpa). Je ne mentionnerai donc de toute cette végétation que le figuier banyan et le lotus. Le figuier banyan est pour ainsi dire consacré par les descriptions de tous les voyageurs, on sait que ses branches descendent des racines adventices qui à leur tour s’enfoncent en terre et se développent comme autant de nouveaux troncs. On peut admirer au jardin botanique de Calcutta un spécimen qui n’a pas poussé moins de 562 racines adventices, et qui déploie sa couronne de feuillage sur une circonférence de plus de 300 mètres. Le lotus, qu’il épanouisse à la surface des eaux son disque rosé ou qu’il allonge vers le ciel son pinceau bleuté, est dans la littérature et l’art de l’Inde beaucoup plus que la rose dans la poésie de l’Occident : le lotus est la beauté, la grâce, le charme, la splendeur, le divin ; lotus, les yeux de la femme aimée ; lotus, les pieds vénérés du précepteur ou du roi ; lotus, les paroles divines de la sagesse ; lotus, le siège où s’accroupit la divinité.

Dans cette espèce d’Éden, l’homme ne manque pas de compagnons. Il retrouve près de lui ses familiers ordinaires : le cheval, l’âne, la chèvre, la brebis, la vache surtout, l’animal sacro-saint, plus respecté que la personne humaine. Il a su tirer parti de l’éléphant, colosse malicieux autant qu’adroit, « la bête qui a une main », hastin (le Hâthî de Kipling), bête de somme, convoyeur, bon à tout faire. Le chameau, disgracieux et résigné, est plus utile encore. Le singe pullule, obscène, querelleur, criard, mais dangereux aux plantations seulement. D’autres sont plus malfaisants : l’ours, le rhinocéros, surtout le crocodile, le serpent et le tigre. Le tigre est à l’affût dans la jungle ou dans les champs, le crocodile au bord des rivières ou