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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/141

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s’est introduite chez les Dravidiens et leur a donné des modèles ; mais c’est de leurs propres parlers qu’ils ont dégagé leurs moyens d’expression. Le télougou et le tamoul vers l’Orient, le canarais et le malayalim vers l’Occident sont encore le langage d’une soixantaine de millions d’êtres humains, et disposent (surtout le tamoul et le télougou) d’une littérature infiniment riche et variée. La capitale des Andhra était située presque à la lisière méridionale de leur domaine, à Dhanyakaṭaka vers l’endroit où la Kistna sort des Ghats Orientaux pour s’étaler dans un large delta. Arrêtés au sud, ils poussèrent à l’ouest, remontèrent la vallée de la Godavārī, et fondèrent sur le cours supérieur, près des sources du fleuve, une seconde capitale, Pratisthāna (Paithan). La haute chaîne des Ghats Occidentaux, massive et compacte, les séparait seule des ports de la côte ouest, visités par les petits bateaux du cabotage local, par les boutres arabes du golfe Persique et de la mer Rouge, et par de rares bateaux venus de l’Égypte hellénisée. Le brusque développement du commerce maritime, dans la seconde moitié du premier siècle après J.-C., allait donner à ce littoral une valeur inattendue et surexciter les convoitises des Andhra. Au nord, des chaînons successifs, disposés parallèlement d’ouest en est, les séparaient des vallées de la Tapti et de la Narmada qui ouvraient en amont des voies de pénétration au plateau central et vers le Gange, et qui descendaient en aval vers les comptoirs maritimes les plus florissants. À peine arrivés jusqu’au massif des Ghats Occidentaux, les Sātakaṇi y introduisent l’architecture encore rudimentaire d’aménagement des cavernes qui se pratiquait au Magadha et au