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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/142

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Kalinga. La grotte de Nanaghat, à l’est de Bombay, témoigne encore de leur dévotion et de leur art. Une inscription fâcheusement mutilée rappelle les riches honoraires payés, à l’occasion de certains sacrifices du rituel védique, à des brahmanes par une pieuse donatrice, fille de noble Marathe (mahāraṭhi), mère d’un prince, femme d’un roi (rājan) qui est le maître (pati) du Deccan. Sur les parois de la grotte, une série d’images taillées dans la roche, et mutilées, évoquent et figurent la famille de la donatrice : le roi Simuka Sātavāhana ; la reine Nāyanikā et le roi Siri Sātakaṇi, le Marathe Tranakayira, des princes : Bhāya…, Hakusiri, Sātavāhana.

Mais l’expansion des Sātakaṇi se trouve tout à coup arrêtée, puis refoulée par des adversaires imprévus. Les Çaka qui ont passé l’Indus dans la basse vallée se sont répandus le long de la mer, ont soumis — comme avaient fait les rois grecs Démétrius, Ménandre, Apollodore — le pays florissant du Surāṣṭra « le beau royaume » (presqu’île du Kathiawar et golfe de Cambaye) ; ils ont fondé une principauté sur le littoral ; un autre groupe a poussé dans les terres, soumis le Mālava, établi sa capitale à Ujjayinī, tandis qu’au nord d’autres Çaka sont à Taxile et à Mathurā. Les foyers les plus actifs de la culture indienne sont tombés entre les mains des Scythes ; l’avenir du génie hindou dépend en grande part de l’attitude qu’ils vont prendre. Les chefs Çaka ne portent pas le titre royal ; ils se contentent d’être des satrapes (kṣatrapa, chatrapa), sans jamais désigner toutefois leurs suzerains.

Le premier choc entre les Sātakaṇi et les Çaka se produit au temps du satrape Nahapāna le Kṣaharāta, vers