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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/16

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des étangs, le serpent, partout. On compte par an plus de 20 000 victimes humaines. Une battue dans le Terai népalais, la jungle au pied de l’Himalaya, a donné 29 tigres au tableau pour une seule journée. Quant aux serpents, l’Inde peut se flatter d’en posséder à peu près toutes les espèces, du python qui berce aux branches sa longue masse de 5 à 7 mètres, au cobra qui dresse comme une image de la mort sa tête encadrée d’un chaperon. D’autres agents de mort, plus petits, presqu’aussi redoutables, se dissimulent dans le fourmillement des insectes, par exemple le scorpion au dard venimeux. Pour effacer ces impressions sinistres, je citerai encore le perroquet au plumage chatoyant, l’antilope au doux regard, compagne des ermites, symbole de sainteté que l’Hindou aime à reconnaître jusque dans le ciel, tracé en lignes d’ombre sur la face de la lune.

L’espèce humaine n’est pas moins variée que la faune et la flore. La taille, la stature, le teint, les indices somatiques en usage chez les anthropologistes : indice céphalique, indice nasal, etc. y passent par tous les degrés de l’échelle. Nous avons vu chez nous, auxiliaires venus pour la défense de notre sol, les Sikhs du Penjab, grands, nobles de prestance, graves comme des patriarches, souriants comme des enfants, bronzés, barbus, la longue chevelure relevée sous le turban, et les Gourkhas de l’Himalaya népalais, petits, trapus, rasés, le poil rare, les yeux fendus en oblique, les pommettes saillantes. Les pavillons de thé des Expositions nous ont rendu familier le Singhalais presque noir, aux allures de femme dans sa longue tunique, les cheveux ramassés en chignon, retenus par un peigne. Les privilégiés qui ont contact avec les maharajas de pas-