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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/160

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portent des noms purement hindous. Et derrière les Indiens, l’Occident gréco-romain s’ouvre la route des mers de Chine. La mer rapproche les nations qu’elle avait séparées, Auguste reçoit vers l’an 20 av. J.-C. une ambassade indienne ; un moine indien qui en fait partie monte vivant sur le bûcher en pleine Grèce, à Athènes, comme avait fait Calanos devant l’armée d’Alexandre à Suse. Vers l’an 50 de l’ère chrétienne, sous l’empereur Claude, une nouvelle ambassade se présente. En 107 Trajan en reçoit une à Rome. Et en 166, si nous en croyons les Annales des Seconds Han, une ambassade se présente à la cour de Chine au nom de Ngan-touen, roi du Ta-ts’in, autrement dit de l’empereur Antonin Marc-Aurèle. On peut sourire de ces prétendues ambassades organisées par des marchands rusés pour flatter l’orgueil complaisant d’un souverain. Elles n’en témoignent pas moins d’un mouvement réel de voyages et d’échanges.

De menues ondulations de ce vaste mouvement viennent curieusement s’inscrire sur ces parois de grottes où les rois du temps aimaient à graver le souvenir de leurs donations. En arrière des ports que fréquentait le commerce grec, à Karle, le Grec Sihadhaya de Dhenukākaṭa offre un pilier ; à Nasik le Grec Īdrāgnidata, fils de Dhaṃmadeva, homme du Nord, originaire de Dātāmiti, avec son fils Dhaṃmarakkhita, offre à la communauté des moines, en l’honneur de tous les Bouddhas, une grotte, un sanctuaire (cetiya) et des citernes ; à Junnar, le Grec Irila des Gata offre deux citernes, le Grec Canda offre un portail, le Grec Ciṭa des Gata offre un réfectoire. Mais les grottes aménagées ou décorées en partie aux frais de ces Grecs indianisés ne