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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/164

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une attitude noble et digne ; chacun des deux personnages a son nom frappé derrière lui, le roi « Candragupta » sans aucun titre ; la reine, au contraire, avec un titre d’honneur Kumāradevī-çriḥ ; au revers une déesse aux lignes graciles, mais aux formes opulentes, comme le réclame l’esthétique hindoue, est assise sur un lion ; elle tient en main la corne d’abondance, l’inscription porte : Licchavayaḥ « les Licchavi ». Le successeur de Candragupta I, son fils Samudragupta, exerce le pouvoir pendant un demi-siècle environ ; nous avons une inscription officielle composée sur son ordre à la fin de son règne et qui résume sa carrière ; elle est gravée sur un pilier monolithe, haut de trente-cinq pieds, dressé jadis par Açoka pour y inscrire ses édits : soit que Samudragupta ait voulu associer dans la postérité son souvenir à celui du grand Maurya, soit qu’il ait voulu publiquement se réclamer de lui comme un devancier. Le poète-lauréat qu’il a chargé d’immortaliser sa gloire s’est trouvé digne d’un pareil choix : son panégyrique est un excellent modèle du genre ; par la perfection de la forme, la délicatesse du goût, il en marque la plus belle époque. Le début, en vers de rythmes variés, mais tous appropriés par leur allure solennelle et majestueuse, est malheureusement mutilé, les portions proprement narratives sont en prose, mais une prose soigneusement cadencée, embellie d’interminables composés où s’exprime encore l’inspiration lyrique. Voici, par exemple, la scène où Samudragupta est choisi par son père pour lui succéder : « C’est une âme noble, dit son père en le prenant dans ses bras ; et tout son duvet raidi dénonçait son émotion ; la cour respirait à l’aise ; ses égaux de naissance