Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ṣeṇa se borne à louer « les centaines de milliers de vaches qu’il a distribuées en aumônes », libéralité que ses successeurs ne manquent pas de rappeler. L’inscription se termine par une image d’heureuse venue : « Ce pilier se dresse comme le bras de la terre pour montrer sa gloire, victorieuse du monde entier et répandue sur toute la surface de la terre, partie d’ici dans la grâce aisée de son essor pour se rendre au palais du souverain des dieux ».

Parmi les royaumes qui étaient venus spontanément se faire enregistrer à la cour, le panégyrique nomme l’île de Ceylan. Un témoignage chinois du viie siècle confirme en l’expliquant l’assertion du panégyriste. L’envoyé chinois Wang Hiuan-ts’ö qui remplit plusieurs missions importantes au milieu du viie siècle dans l’Inde, eut l’occasion de visiter en pieux pélerin le temple de Mahābodhi, élevé sur le site où le Bouddha était parvenu à l’Illumination complète ; il y trouva un monastère spécialement réservé aux moines de Ceylan, et comme il s’informait des origines de cette fondation, il recueillit le récit suivant. « Jadis le roi de Ceylan nommé Chi-Mi-k’ia-p’o-mo, c’est-à-dire « Vertu-nuage » (Çri Megha [varma ; corr. varṇa]), roi indien, chargea deux moines d’aller visiter le monastère (qu’Açoka avait élevé près de l’arbre témoin de l’Illumination) ; l’aîné avait nom Mahārāman ; l’autre s’appelait Upa [sena]. Ces deux moines rendirent hommage au Trône-de-Diamant de l’arbre de l’Illumination. Mais le monastère ne leur donna point asile. Ils rentrèrent dans leur pays d’origine, où le roi les interrogea : Vous êtes allés porter vos hommages aux lieux saints. Que disent d’heureux les présages, ô moines ? Ils répondirent : Dans la grande contrée du Jambu-