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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/179

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possédait six langues ; arrivé en Chine à la fin des Seconds Han, il est engagé par le fondateur du royaume Wou, Souen K’inan, pour instruire le prince héritier ; de 222 à 253, il écrit de nombreuses traductions dont 49 subsistent ; Vighna, un adorateur du feu passé du mazdéisme au bouddhisme, qui traduit (224) l’admirable recueil des Propos de la Loi (Dhammapada, aussi Udānavarga) ; Seng-houei, appelé le Sogdien (K’ang) en souvenir de l’origine de sa famille ; ses parents, Sogdiens, étaient venus s’établir comme colons au Kiao-tche (Tonkin) ; par sa science et ses miracles il gagna la faveur de l’empereur Souen K’inan qui bâtit en son honneur un temple et un couvent. Souen K’inan reprend, sous les auspices du bouddhisme, le programme de Wou ti des Han, la poussée vers l’Inde. En 245 il envoie une ambassade au Fou-nan (Cambodge et Siam), qui y recueille soigneusement des informations sur l’Inde : « C’est un pays où fleurit la Loi du Bouddha ; le peuple est droit et honnête ; le sol est très fertile. Le nom du roi est Meoulouen (Muruṇḍa) et la capitale où il réside est entourée de murs. Les rivières et les cours d’eau sont divisés en un grand nombre de petits ruisseaux qui coulent dans des canaux et des tranchées et tombent dans une grande rivière. Les palais sont décorés de beaux travaux sculptés ; dans les rues, les carrefours, les maisons, les pavillons, les terrasses, on entend le son des clochettes, des tambours, des chants ; on voit de riches étoffes, on respire le parfum des fleurs. Les marchands y arrivent par terre et par mer, et s’y réunissent en grand nombre, offrant en vente pour répondre au goût public des vases artistement ouvragés et des curiosités de grand prix. »